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Le salon de thé de Nathalie
4 mars 2005

L'identité

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Quelques extraits marquants de "L'identité", le roman de Milan Kundera:

"Ca me choquait toujours qu'un beau corps soit une machine à sécrétions; je t'ai dit que je supportais mal de voir une jeune fille se moucher. Et je te revois; tu t'es arrêté, tu m'as dévisagé et tu m'as dit d'un ton curieusement expérimenté, sincère, ferme: se moucher? moi, il me suffit de voir comment son oeil clignote, de voir ce mouvement de la paupière sur la cornée, pour que je ressente un dégoût que je peux à peine surmonter."

"L'oeil: la fenêtre de l'âme; le centre de la beauté du visage; le point où se concentre l'identité d'un individu; mais en même temps un instrument de vision qui doit être sans cesse lavé, mouillé, entretenu par un liquide spécial pourvu d'une dose de sel. Le regard, la plus grande merveille que possède un homme, est donc interrompu régulièrement par un mouvement mécanique de lavage. Comme un pare-brise lavé par un essuie-glace."

"Papier hygiénique, couches, lessives, bouffe. C'est le cercle sacré de l'homme..."

"Elle se souvient qu'en Chine et au Japon, selon ce qu'on lui a raconté, la culture érotique ne connaît pas le baiser la bouche ouverte. L'échange des salives n'est pas une fatalité de l'érostisme, mais un caprice, une déviation, une malpropreté spécifiquement occidentale."

"Tu connais les témoignages de gens qui ont survécu à leur mort. Tolstoï parle de cela dans une nouvelle. Le tunnel, et au bout une lumière. La beauté attirante de l'au-delà. Or, je te jure, aucune lumière. Et, ce qui est pire, aucune inconscience. Tu sais tout, tu entends tout, seulement eux, les médecins, ils ne s'en rendent pas compte et racontent n'importe quoi devant toi, même ce que tu ne devrais pas entendre. [...] Je ne veux pas dire que mon esprit était parfaitement lucide. J'avais conscience de tout mais tout était un peu déformé, comme dans un rêve. De temps en temps le rêve devenait cauchemar. Seulement, dans la vie, un cauchemar, ça finit vite, tu te mets à crier et tu te réveilles, mais moi je ne pouvais pas crier. Et c'était ça le plus terrible: ne pas pouvoir crier. Etre incapable de crier au milieu du cauchemar [...]. Je n'ai jamais eu peur de mourir. Maintenant, si. Je ne peux pas me débarasser de l'idée qu'après la mort on reste vivant. Qu'être mort, c'est vivre un cauchemar infini."

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