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Le salon de thé de Nathalie
24 mai 2009

"Brefs aperçus de l'éternel féminin" de Denis Grozdanovitch

J'ai découvert par hasard Denis Grozdanovitch en regardant un dimanche matin l'émission "La Grande Librairie" (sur France 5, chaque dimanche à 9h55). Ancien champion de France junior de tennis puis champion de France de squash et de jeu de paume, grand joueur d'échecs, Grozdanovitch rassemble bien des talents. Ses ouvrages sont le résultat de notes qu'il a prises depuis l'âge de quinze ans dans des carnets. Son premier recueil "Petit traité de désinvolture" paraît en 2002 (soit 41 ans plus tard) et connaît un vrai succès critique et public.

bref

Pour me faire ma propre idée sur cet auteur, j'ai choisi de lire son troisième livre, "Brefs aperçus de l'éternel féminin". Le titre m'intriguait. Et il est toujours intéressant de découvrir le regard que porte un homme sur les femmes. Comme son nom l'indique, cette oeuvre rassemble différentes anecdotes, à travers lesquelles Grozdanovitch rend hommage aux femmes singulières qu'il a connues (femme fatale, petites filles, top model, étudiante, etc.). Même si j'ai préféré certains "aperçus" à d'autres, son écriture reste tout le long élégante et pleine d'humour.

Voici quelques passages qui m'ont particulièrement plu:

« …je donnais mes rendez-vous galants au Grand Aquarium situé, dans les jardins du Trocadéro, juste en dessous de la cinémathèque. L’expérience m’ayant enseigné que le lieu de la première entrevue constituait un point crucial, ce choix était en réalité le fruit d’une tactique hautement élaborée. (…) aucune atmosphère n’était plus propice à l’abandon sensuel que celle qui régnait aux alentours des profonds bassins à l’éclairage tamisé où, parmi des algues doucement ondulantes et d’innombrables bulles dérivantes, des créatures lascives se frôlaient, parfois même s’emmêlaient avec volupté, dans de lentes et silencieuses danses subaquatiques…» (Robert Laffont, p. 14)

« le meilleur est toujours fantasmatique » (Robert Laffont, p. 213)

« La vérité était aussi qu’elle m’impressionnait tant que je n’osais en rien dévoiler mes sentiments – de peur d’être éconduit par un simple éclat de rire comme cela m’était déjà advenu de façon cuisante avec quelques autres sportives auparavant. Je préférais rester dans l’expectative plutôt que de détruire le beau fantasme qu’elle représentait alors dans ma vie. » (Robert Laffont, p. 219)

« Il y a une chose curieuse avec les êtres humains, ils ont beau savoir parfaitement les choses, se représenter leur malheur et ce qu’il faudrait faire pour l’éviter, il est bien rare qu’ils y parviennent et, la plupart du temps, ils continuent de subir leur destin avec la torture supplémentaire d’en être tout à fait conscients. Connaître la solution d’un problème ne suffit pas à le résoudre car le destin est plus fort que la volonté. » (Robert Laffont, p. 272-273)

Et pour finir la quatrième de couverture (chez Robert Laffont):
"L'une des choses qui m'a le plus frappé lors de ma visite au musée du Prado à Madrid, il y a bien des années, est la toile de Goya représentant un groupe de jeunes filles dans un parc en train de lancer et de rattraper dans un grand drap qu'elles tiennent toutes ensemble, riant aux éclats, un pantin désarticulé vêtu à la manière des gandins élégants de l'époque. Or son visage, qu'on aperçoit par-dessus son épaule, au plus haut de la pirouette, et qui affiche un sourire dont l'expression se partage entre la satisfaction conquérante et le ravissement un peu niais, laisse aussi pointer une lueur d'inquiétude. Cette image, qui évoque manifestement l'éternel rapport de force entre les sexes, me semble soulever en même temps, avec une ironie mordante, la question de savoir qui, au bout du compte, de l'éphémère vanité masculine à l'éternel féminin, mène le jeu."

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