"Rouge-Gorge" de Jo Nesbø
Ça faisait un petit moment que je n'avais pas été aussi happée par ma lecture d'un roman policier. J'en lis pourtant un certain nombre, dont entre autres "Les cafards" du même auteur. "Rouge-Gorge" (2004) est en fait la suite des Cafards, donc le troisième volet de la série mettant en scène l'inspecteur Harry Hole et il m'a plu encore davantage. C'est dire! Une fois les 100 premières pages passées (l'édition chez Folio Policier en compte quand même 605), je n'ai plus pu m'arrêter.
L'intrigue est complexe mais bien ficelée. J'ai souvent dû revenir en arrière. Même après la résolution finale, j'ai apprécié relire des passages afin d'enlever toutes les zones d'ombre et me rendre compte à quel point le roman était bien construit . Bien sûr, certaines choses sont parfois un peu prévisibles mais dans l'ensemble on se laisse surprendre par les nombreux rebondissements. En relisant le livre, on s'aperçoit encore mieux de l'habileté de Nesbo à semer des indices dès les premières pages, puis tout au long des chapitres. Le thème du double, du miroir sous-tend tout le roman. Nombreux sont les personnages et les événements qui se font écho, que ce soit durant la même période temporelle ou que ce soit durant deux époques différentes (l'action se passe en effet durant la deuxième guerre mondiale et en 1999-2000). Par exemple, le nazisme d'hier et d'aujourd'hui. Tout comme Henning Mankell avait traité du passé national-socialiste de la Suède dans "Le retour du professeur de danse", Nesbo aborde ici ce même problème en Norvège. "Rouge-Gorge" permet aux lecteurs (peu informés comme moi de la situation) de prendre conscience de l'histoire de la Norvège durant la deuxième guerre mondiale (comme en Suède, des jeunes se sont engagés dans l'armée allemande pour soutenir les idéaux national-socialistes ou/et pour faire face à l'avancée communiste), de sa spécificité (au contraire de son voisin suédois, elle a été occupée par l'Allemagne durant la guerre) et de l'existence encore de nos jours de groupes néo-nazis au sein de sa population.
Par contre, attention!! Mieux vaut ne pas lire la quatrième de couverture si l'on veut se laisser surprendre par quelques événements majeurs de l'histoire (dont un drame qui n'intervient qu'après plus de 300 pages...)!