"Insoupçonnable" de Tanguy Viel

Ne disposant pas en ce moment d'assez de temps pour me lancer dans la lecture d'un long roman, je suis obligée de me contenter de quelques BDs (entre autres, la série en 5 volumes de Brunschwig et Hirn,  "Le pouvoir des innocents", ou le dernier tome de "Murena", "Le sang des bêtes", qui me rappelle beaucoup la série TV "Rome") et de romans assez courts. Parmi ces derniers, j'ai lu avec beaucoup de plaisir "Insoupçonnable", quatrième roman de Tanguy Viel (2006). Arnaque(s), manipulation(s) et donc retournement(s) de situation sont au centre de ce polar:
"Sam est le frère de Lise. Du moins c'est ce que tout le monde croit quand Lise se marie avec Henri. Mais c'est surtout Henri qui doit le croire, pour que Sam et Lise puissent réussir leur mauvais coup. Seulement Henri aussi a un frère, un vrai cette fois, et qui s'appelle Édouard. Or même vrai on peut être un faux frère." (quatrième de couverture aux Éditions de Minuit)

Voici une critique trouvée dans "Epok", l'Hebdo de la Fnac, avec laquelle je suis tout particulièrement d'accord: "De livre en livre, Tanguy Viel compose une oeuvre totalement personnelle, tout en reprenant à son compte les thèmes les plus classiques du film noir et du roman policier pour mieux les disséquer. Chaque fois, dès les premières pages, l’écrivain oblige son lecteur à entrer dans un monde de références : scènes de films de Melville ou de Manckiewicz pour l’un, images mythiques d'Hitchcock pour l’autre. Il y ajoute des mots clés, comme des cailloux de Petit Poucet, et surtout un rythme particulier. Comme les personnages – des ratés, des minables –, le lecteur agit, réagit dans l’instant, se heurte à des imprévus et se retrouve dans une impasse, en pleine déroute. Pervers, le romancier adjoint à cet étrange voyage au pays du crime et de l’échec une jolie dose d’humour. Le résultat n’en est que plus réjouissant grâce à ce travail intense sur la forme et son apparente légèreté."

A noter également cette petite phrase de l'auteur lui-même, qui résume bien le mode de narration de son roman (à ne pas lire avant d'avoir lu le livre, si l'on veut se laisser suspendre!!!): «Il y a un moment où je sens que l'histoire n'est racontable que d'un certain point de vue et souvent ce point de vue est celui du personnage qui se fait avoir, ou au moins de celui qui part en situation de faiblesse. Du coup, je ne cherche pas à manipuler le lecteur, mais le lecteur, malheureusement pour lui, ne peut lire le livre qu'avec les yeux du narrateur manipulé. Par voie de conséquence, il se retrouve dans la même situation de faiblesse.» (citation trouvée sur le site du magazine "Lire": http://www.lire.fr/critique.asp/idC=49806/idR=218/idG=3),