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Le salon de thé de Nathalie
24 décembre 2007

"Ni d'Eve ni d'Adam" d'Amélie Nothomb

Depuis la découverte de son premier roman « Hygiène de l’assassion » il y a déjà plus de dix ans, j’ai toujours ressenti un vrai bonheur – mieux : de la jubilation - à lire Amélie Nothomb (même si, bien sûr, certaines de ces oeuvres me ravissent plus que d’autres ; en particulier le déjà nommé « Hygiène de l’assasin », mais aussi et surtout ces deux romans relatant entre autres ses diverses expériences niponnes : « Stupeur et tremblements » et « Métaphysique des tubes »). C’est donc avec une certaine impatience que je me suis plongée dans son dernier roman, « Ni d’Eve ni d’Adam ». Et je ne fus pas déçue. Amélie Nothomb y relate à nouveau un passage de sa vie au Japon qui remonte à la même époque que celle de « Stupeur et tremblements », mais qui, cette fois-ci, ne décrit pas ses déboires professionnels dans le monde impitoyable des grandes entreprises du pays du Soleil Levant mais sa relation amoureuse avec Rinri, un jeune Tokyoïte. Un livre à la fois drôle et touchant.

ni_d_eve_ni_d_adam_amelie_nothomb

Comme « mise en bouche », voici une petite sélection parfaitement subjective d’extraits de « Ni d’Eve ni d’Adam » (2007) [Albin Michel] :
« Chez lui, il me prépara un thé vert mais lui prit un Coca, détail qui m’amusa car il ne me demanda même pas mon avis. Il allait de soi qu’une étrangère se réjouirait de ce raffinement japonais alors que lui, il en avait soupé, des nipponeries.»(p.39)
« Je savais que ce dernier [Sartre] était adoré des Japonais qui le trouvaient follement exotique : avoir la nausée face à un galet poli par la mer constituait à ce point le contraire d’une attitude nippone que cet auteur provoquait la fascination que suscite l’étrange. » (p. 40)
« C’était un artiste japonais dont j’ai soigneusement oublié le nom. Ses tableaux me parurent d’un ennui défiant tout concurrence, ce qui n’empêchait pas les spectateurs de se comporter devant chaque oeuvre avec ce respect admirable et cette patience sublime qui les caractérisent. » (p. 43)
« Plus encore que les autres peuples de la terre, les Japonais faisaient les choses parce que cela se faisait. Et c’était très bien ainsi. » (p. 51)
« Il me regardait très longtemps et puis disait :
- Quel beau tu es
.
C’était de l’anglais mal traduit en français. Pour rien au monde je ne l’aurais corrigé. On ne m’avait jamais trouvée beau.
- Les Japonaises sont beaucoup plus belles, dis-je.
- Ce n’est pas vrai.
Je me réjouis de son mauvais goût. » (p. 67)
« De trois à dix-huit ans, les Japonais étudient comme des possédés. De vingt-cinq ans à la retraite, ils travaillent comme des forcenés. De dix-huit à vingt-cinq ans, ils sont très conscients de vivre une parenthèse unique : il leur est donné de s’épanouir. Même ceux qui ont réussi le terrible examen d’entrée de l’une des onze universités sérieuses peuvent un peu souffler : seule la sélection première importait vraiment. A plus puissante raison, ceux qui fréquentent une université de gare. » (p. 159)
« Quel soulagement d’avoir trouvé la solution des fiançailles ! C’était une réponse liquide en ceci qu’elle ne résolvait rien et remettait le problème à plus tard. Mais gagner du temps est la grande affaire de la vie. » (p. 214)
« Incapable d’être désagréable avec quelqu’un de gentil, je me sacrifierais pour ne pas le décevoir. » (p. 222)
« J’avais touché juste : c’était parce qu’il n’y avait pas de mal en lui que je l’aimais beaucoup. C’était à cause de son étrangeté au mal que je n’avais pas d’amour pour lui. Pourtant, le mal ne me plaît pas. Mais un plat n’est sublime que s’il contient une touche de vinaigre. La Neuvième de Beethoven serait insoutenable aux oreilles si elle ne comportait des hésitations désespérées.»(p.228)
« Dire à quelqu’un que c’est terminé, c’est laid et faux. Ce n’est jamais terminé. Même quand on ne pense plus à quelqu’un, comment douter de sa présence en soi ? Un être qui a compté comte toujours. » (p. 240)

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